Devenir thérapeute, c’est sorcier ?
On n’apprend pas à devenir thérapeute: souvent on l’est déjà dans l’âme mais on peut le devenir par l’expérience et la modélisation.
La psychologie n’est pas quelque chose qui s’explique, cela se vit de l’intérieur sinon le processus reste mental. Apprendre est essentiel mais cela ne suffit pas.
Il m’est arrivé, au début de ma carrière, d’envoyer des gens qui s’adressaient à moi (mais qui habitaient loin), chez un psychologue près de chez eux.
Immanquablement, ils me rappelaient pour me dire :
« Quand je lui ai expliqué mon problème, il m’a dit que j’avais une bonne analyse de la situation et donc que j’avais tous les ingrédients pour m’en sortir, que je n’avais pas vraiment besoin d’un psy ».
J’ai donc fait une petite enquête pour éclaircir les différents métiers qui traitent de la psy et j’en suis venue à la conclusion que le problème d’un individu en difficulté n’est pas juste de comprendre, mais de trouver des outils pour se transformer.
Faire une thérapie signifie vraiment se transformer, voir des vrais changements dans sa vie. Devenir thérapeute c’est aider les autres à faire de même.
Pour vous y repérer, voici quelques définitions afin que vous ne soyez pas perdu dans la jungle des aides thérapeutiques.
Le Psychiatre
C’est avant tout un médecin qui peut prescrire des médicaments ou faciliter une hospitalisation. C’est lui qui s’occupe des troubles psychiques et des psychoses (maladies mentales).
Un psychiatre a rarement fait un travail sur lui mais il y a de plus en plus d’heureuses exceptions. On ne peut pas lui en vouloir: il a mis toute son énergie et son contrôle à réussir ses études de médecine, ce qui est en soi un exploit.
Résultat, il a rarement eu le temps de s’investir dans l’identification de ses propres émotions et dans le méandre de ses profonds traumas. On ne peut pas être sur tous les fronts à la fois.
Le Psychologue :
Il a un diplôme de la fac. Il utilise comme outil principal les tests et les statistiques, vous n’avez plus qu’à rentrer dans des cases.
En général, il a de bonnes réponses et il est de bon conseil pour qui cherche à comprendre ses problèmes. Malheureusement, ça ne suffit pas toujours.
Le Psychanalyste :
C’est souvent un psychiatre ou un psychologue qui a fait une psychanalyse. Comme son nom l’indique, il aide à analyser et à faire du sens à propos des aspects non conscients de la personnalité.
Cette technique a fait ses preuves dans l’histoire mais a t-on encore le temps d’y consacrer 20 ans? A déconseiller aux personnes très cérébrales, sinon c’est votre mental qui va s’allonger sur le divan.
Le Psychothérapeute (celui qui a le droit de s’appeler ainsi aujourd’hui).
C’est soit un psychiatre, soit un titulaire d’un master universitaire. C’est beaucoup plus rarement un thérapeute qui a fait valoir son expérience professionnelle antérieure.
En conclusion un psychanalyste a fait au moins trois ans de travail sur lui mais tous les autres professionnels dont nous avons parlé peuvent porter ces titres sans jamais avoir testé sur eux leurs outils.
Il reste à vérifier que l’analyse ne serve pas de magnifique outil mental pour mieux se manipuler soi-même.
Contre toute attente, la psychothérapie ne s’apprend ni dans les facs de médecine ni dans les facs de psychologie. J’en ai fait l’expérience et je m’y suis pas mal ennuyée.
Le thérapeute ou psychopraticien.
C’est un professionnel de la thérapie. Bien qu’il y ait dans toute profession des exceptions, il a suivi des formations pratiques et est, en principe, passé par le peigne fin de tous les outils qu’il utilise.
Il doit aussi avoir reçu l’accréditation d’une association nationale de pairs et être engagé à se conformer à une charte déontologique professionnelle.
Si vous désirez en savoir plus sur ce sujet, je vous propose de lire la lettre du psychiatre L.Tenenbaum à l’ARS (Agence Régionale de Santé). Cliquez ici.
C’est dans cette catégorie que je me situe et mon outil de base est la Gestalt, mais je l’ai agrémenté de sophrologie, de la méthode Tipi, de la PRI, de l’EFT et de l’approche quantique.
Je n’ai pas pu me résoudre à ce que la psychologie ne traite que de la psyché, j’ai cherché en quoi elle pouvait déboucher sur l’Être et le transpersonnel.(au-delà de la personnalité)
Quelles sont les qualités requises pour devenir thérapeute ?
Soyons clair: un thérapeute c’est souvent quelqu’un qui a commencé sa vie submergé de problèmes et qui n’a pas vraiment eu d’autre choix que de s’atteler à aller mieux. C’est un bon départ pour devenir thérapeute!
Il est important de savoir qu’un thérapeute n’est pas un guérisseur, il n’ a pas de solution miraculeuse pour son patient (qui patiente en souffrant).
J’utilise plutôt le terme « client » aujourd’hui qui, bien que connoté, sous-entend un contrat et la décision d’acheter un service et de devenir co-créateur de sa guérison.
Dans la Rome Antique, un client était « un homme libre qui se plaçait sous la protection d’un patron bienfaiteur ».
Le thérapeute accompagne un client qui s’engage dans un processus d’autonomie et de transformation. Pour cela il met à la disposition du client sa présence, son expertise et l’expérience de son propre cursus thérapeutique.
Il est question d’un véritable partenariat. Cela signifie qu’un thérapeute ne fait pas que prendre pas des notes mais parle avec son client, le confronte et interagit avec lui.
Puisque l’objectif principal du thérapeute est de rendre son client autonome afin qu’il trouve son véritable potentiel à mener une vie heureuse, il doit être lui-même une « vitrine » encourageante!
Si vous voulez devenir thérapeute, il est bon de :
- Posséder un réel intérêt et un don pour la relation d’aide.
- Développer par une thérapie personnelle, une grande connaissance de soi et la capacité à se remettre en question.
- Connaître les bonnes et les mauvaises raisons qui vous poussent vers ce métier.
Je vous ai pris par surprise avec cette histoire de mauvaises raisons ! Plus que pour tout autre métier, devenir thérapeute passe par cette prise de conscience. Je vais vous les décrire ici car vous trouverez peu d’informations à ce sujet sur Google.
Les mauvaises raisons pour lesquelles on cherche à devenir thérapeute :
- On veut aider les autres. Je m’explique: il n’y a rien de pathologique à vouloir aider les autres mais il est bon de s’assurer qu’on ne cherche pas à s’occuper des autres pour fuir ses propres souffrances ou pour s’occuper de soi sans en avoir conscience.
Dans la trilogie bourreau-victime-sauveteur, on est …le pompier de service, l’assistante sociale qui s’ignore, la grande écoute, l’épaule sur laquelle d’aucuns viennent s’épancher.
C’est de très loin le rôle le plus sympathique et le plus gratifiant du triangle de Karpman, mais le vent tourne rapidement entre ces trois identifications.
En un souffle, vous êtes redevenu une victime (si vous êtes d’un tempérament plutôt mélancolique) ou un bourreau (si vous êtes construit sur la colère envers les autres ou vous-mêmes).
Le sauveteur, quant à lui, est dans un terrible faux espoir, doublé d’une incapacité totale à connaître ses propres besoins, c’est pourquoi il s’occupe en priorité des besoins des autres !
- On veut guérir les autres. Oui certes c’est important mais on le vit souvent dans une projection, la vérité c’est que c’est nous qui avons besoin de guérir.
Que ces mauvaises raisons ne vous empêchent pas de devenir thérapeute, à partir du moment où vous en êtes conscient.
Il existe aussi de bonnes raisons pour devenir thérapeute. Ce métier permet :
- De répondre aux plus hautes aspirations qui sont : aimer son prochain.
- D’utiliser vos facultés d’empathie pour guider sans diriger.
- D’utiliser le plaisir de vous être transformé pour d’aider les autres à se réaliser aussi.
- Remplir une mission de vie, surtout si vous sentez de l’enthousiasme à cette idée.
- Travailler avec de la matière humaine pour sentir votre participation au principe d’humanité.
Qu’apprend-on vraiment dans une formation pour devenir thérapeute ?
Le métier de thérapeute est exigent. La relation d’aide ne s’improvise pas. Elle passe par l’acquisition de connaissances mais surtout la mise en situation concrète. Ainsi, dans une formation, vous apprendrez à:
- Savoir poser un cadre ferme mais rassurant avec des règles.
- Clarifier la demande d’un client/patient.
- Évaluer ses véritables besoins (malgré ce qu’il dit) et son niveau de stress pour adapter votre réponse.
- Construire un objectif accessible avec lui.
- Savoir observer ses comportements non verbaux.
- Attraper au passage toutes les synchronicités qui se présentent (surtout en Gestalt).
- Repérer les jeux de pouvoir du client que ce soit dans ses relations, envers lui-même ou envers vous !
- Mettre en place une écoute active, non directive avec reformulation.
- Démêler votre empathie avec vos propres émotions.
- Reconnaître vos propres zones d’ombre et les travailler.
- Garder une distance juste avec votre client : ne pas lui mettre une grande claque dans le dos comme à un pote mais ne pas vous mettre en retrait derrière vos lunettes avec un petit carnet.
- Savoir repérer les indicateurs qui peuvent évoquer un trouble psychopathologique.
- Savoir rester à sa place: un thérapeute n’est pas un médecin. En cas de maladie psychique, il faut impérativement l’orienter dans un premier temps vers la médecine pour la sécurité de chacun.
- Apprendre le silence et ne pas chercher à tous prix à le combler.
- Trouver en vous la ressource du non jugement comme par exemple, accepter d’aider une mère abandonnique même si vous avez été vous-mêmes abandonné.
Devenir thérapeute, c’est faire un vrai travail sur soi
Il existe toutes sortes de techniques pour cela mais vous devez avoir impérativement identifié vos blessures inconscientes avant de pouvoir vous en désidentifier.
Il faut savoir que de nombreuses techniques mettent la charrue avant les bœufs: on y apprend à se déprogrammer et se reprogrammer plus positivement sans avoir senti la lutte intérieure qui cherche à compenser les blessures.
C’est un phénomène que les kinés et ostéopathes connaissent bien au niveau physique: pour éviter de sentir une difficulté corporelle, on compense et on déséquilibre toute l’ossature.
Le mal continue à courir mais en sourdine. Ce n’est que lorsqu’il fait des ravages qu’on commence à se poser les bonnes questions.
Le jour où j’ai compris qu’il se passait la même chose au niveau psychique, j’ai totalement modifié ma façon de travailler.
Je suis allée chercher les outils qui permettent de mettre à jour les compensations et les systèmes de défense invisibles.
C’est là qu’intervient la dimension de l’Être, l’aspect transpersonnel, la libération et la véritable transformation. C’est ce qui se passe lorsqu’on œuvre à devenir thérapeute.
Au moment de rédiger leur mémoire de fin de module, les élèves s’aperçoivent qu’ils ne peuvent plus se servir de leurs notes de l’année précédente car elles parlent de quelqu’un qu’ils ne sont plus.
Je ne l’ai pas mis en place, mais je devrais faire une photo avant et une photo après le cursus car ce ne sont plus les mêmes personnes.
Quelques peaux de banane à éviter lorsqu’on veut devenir thérapeute :
Si vous choisissez une formation qui vous propose en quelques semaines de devenir thérapeute, vous n’aurez pas le temps de vous transformer, vous aurez compensé et vous ne le saurez pas!
C’est un peu comme si quelqu’un vous offrait une formation pour devenir riche et ne l’était pas devenu lui-même.
Si vous n’avez pas fait de travail intérieur suffisant, vous n’offrirez donc que votre connaissance des outils, pas votre propre transformation grâce aux outils.
Vous ou votre client pouvez croire avoir fait un long parcours thérapeutique et être resté en mode parking en faisant défiler de belles images de transformation sur votre pare-brise.
Comment savez-vous que la transformation n’est que mentale? Sa vie ou votre vie affective est toujours un chaos ou un arrangement non satisfaisant.
Vous pouvez croire être dans un véritable accompagnement alors que c’est le client qui vous mène en bateau avec son mental.
Comment le savez-vous ? Vous vous ennuyez dans les séances. Vous croyez à ce qu’il dit mais il ne fait que parler pour éviter de sentir de ce qu’il dit.
Vous projetez votre propre histoire et ses ombres sur un client en pensant que c’est lui qui a un problème.
Comment faites-vous pour le savoir? Vous ne vous en apercevez pas puisque c’est l’autre qui a un problème. Seule la supervision peut vous ramener votre responsabilité à la conscience.
Un client a du mal à exprimer ses besoins, cela fait partie de ses blessures d’enfant. Si vous n’avez pas fait assez de travail, vous allez confondre vos propres besoins refoulés avec ceux de votre client et lui donner des conseils alors que c’est vous qui avez besoin.
Vous pouvez croire que faire des prises de conscience et se transformer sont synonymes. Souvenez-vous qu’une bonne analyse des situations ne garantit pas la transformation.
Il est bon d’avoir du flair et un vieux fond d’enquêteur de police : un client ne sait pas toujours qu’il ment. Il connait à fond sa situation mais ne parlera jamais du vrai problème. Si vous n’êtes pas Colombo, vous allez passer à côté du détail!
Un client cherche souvent un sens à sa vie, vous avez intérêt à en avoir un pour la vôtre.
Un client peut être en avance sur vous sur certains plans, vous avez intérêt à l’accepter avec humilité sans pour autant oublier votre propre expertise et ne pas vous dévaloriser.
Les émotions, la pierre d’achoppement quand on veut devenir thérapeute
Jusqu’ici, bon nombre de thérapies étaient basées sur l’expression des émotions. Ce n’est pas une erreur, dans un premier temps il faut apprendre à sentir ce qui se passe en vous.
Le souci c’est qu’il existe plusieurs types d’émotions : les réelles, les factices et les défensives. Si vous n’êtes pas capable de faire cette différence avec les vôtres comment allez-vous pouvoir aider quelqu’un d’autre ?
N’allez pas conclure qu’un client est triste si il se met à pleurer…il peut très bien être dans un faux espoir, une terrible colère ou une peur sans nom.
Donner un punching-ball à un client pour qu’il exprime sa colère pourrait bien être inutile à la longue: la colère est souvent une défense qui sert à cacher une blessure. Quitte à souffrir, autant s’occuper de ce qui fait mal.
Aujourd’hui nous nous acheminons vers les thérapies quantiques.
L’organisme a sa propre capacité d’auto-guérison : « l’action quantique stimule cette aptitude tant au niveau de la cellule que du système vivant dans son ensemble, en mobilisant les mécanismes de défense de l’organisme et en augmentant rapidement l’immunité ».
Ainsi, aider à l’ouverture de conscience d’une personne, c’est lui donner accès à un nouveau champ de possibilités, et lui permettre le saut quantique vers une autre réalité.
La thérapie vous permet de sortir de la survie pour apprendre à vivre mais la thérapie quantique est l’outil du transpersonnel.
Vous pouvez enfin vous trouver au-delà des personnages que vous avez construits pour être enfin heureux. Votre travail intérieur vous amène au même endroit paisible que la méditation.
Si vous voulez plus d’information sur les formations de thérapeute que nous organisons Alain et moi, cliquez sur le lien ou rendez-vous sur l’onglet « devenir thérapeute » dans le menu.
Voici un truc infaillible si vous avez un jour le désir de devenir thérapeute et d’en vivre:
Ce n’est pas ce que vous allez dire au client qui va l’aider ni la pratique de vos outils. Ce n’est pas non plus votre immense savoir faire ni votre expertise qui va compter le plus.
En fait, au niveau subtil et inconscient, votre futur client/patient va marcher dans vos pas et utiliser l’espace que vous avez fait en vous pour ouvrir en lui un espace de transformation.
Vous êtes en quelque sorte votre propre publicité. Vous ne pouvez amener un client que là où vous êtes allé vous-mêmes.
Vous l’aurez compris, c’est un métier passionnant sans cesse en évolution et qui allie l’adage bouddhiste qui dit qu’on fait pour soi et pour le bien des autres.
Dans mon propre cursus, je n’ai pas réussi à vivre immédiatement de ce métier. j’ai eu une double vie…professionnelle bien sur ! Enseignante le jour et thérapeute le soir et les weekends.
Ce n’est qu’en me mariant avec Alain que j’ai pu rendre mon tablier à l’éducation nationale. Je pouvais partir, j’avais réussi ma propre éducation..
Aujourd’hui nous sommes deux thérapeutes et nous travaillons de concert. Je parle de musique car c’est un peu ce que je sens lorsque nous travaillons ensemble.
Les projecteurs passent de l’un à l’autre en fonction des demandes un peu comme le batteur qui se met à faire un solo, suivi de celui du guitariste sans qu’il y ait préméditation.
Alain s’occupe de la partie plus masculine, le cadre, les règles, la tradition thérapeutique, la version masculine des problématiques.
Moi j’accepte de me laisser inspirer, j’innove, je fais une synthèse des courants plus éclectiques et transpersonnels ainsi que des différentes voies que j’ai expérimentées.
Et vous, avez-vous déjà consulté un thérapeute ? Croyez-vous que c’est réservé aux fous ? Êtes-vous tenté par le métier ? Laissez un commentaire !
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